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16
mars 2021
Guérir
les blessures
par
Liliane Nkunzimana
Le premier anniversaire de la mort de George Floyd approche. À bien des
égards, les multitudes de personnes qui ont exprimé leur colère face à
cette mort particulière d'un homme noir pleuraient la mort de ceux qui
sont morts avant lui et l'injustice que les personnes racialisées
continuent de subir aujourd'hui. La réponse retentissante à la lutte
contre le racisme anti-Noir a fait naître l'espoir que ce cas
particulier était peut-être un tournant.
Pour que les événements de l'été dernier soient effectivement un
tournant, il faut des efforts soutenus pour comprendre et agir de bonne
foi. Shoghi Effendi, gardien de la foi bahá’íe et arrière-petit-fils du
fondateur, Bahá’u’lláh, a écrit sur « les blessures graves et à
cicatrisation lente » subies par les Noirs en Amérique du Nord.
Réfléchir à la mesure dans laquelle les Noirs ainsi que d'autres
individus racialisés continuent aujourd'hui d'être affectés par les
préjugés raciaux profondément enracinés dans les systèmes de toute la
société, cela aide à comprendre la nature de ces blessures non
seulement pour ceux qui les subissent, mais aussi le tort causé à ceux
qui ne peuvent pas voir ou reconnaître le dommage.
Si nous voulons construire
une société juste, n'avons-nous pas besoin de la contribution de tous
ses membres? Et si les membres de notre famille, nos voisins ou nos
compatriotes sont alourdis par des systèmes qui les mettent
continuellement en danger simplement à cause de la couleur de leur
peau, n'avons-nous pas la responsabilité de nous arrêter et de vraiment
chercher à comprendre l'ampleur de ces blessures?
La sincérité de nos efforts pour comprendre les blessures des préjugés
raciaux ouvre des portes à des conversations que nous n'avons peut-être
pas eues auparavant. Pour que ces conversations nous mènent vers la
guérison, il faut une volonté de faire confiance et de garder la porte
ouverte pour d’autres conversations, pour des amitiés que nous n'avons
pas eues auparavant et des liens communautaires qui sont nouveaux et
inconnus.
Shoghi Effendi a parlé de la nécessité d'un « amour authentique, d'une
patience extrême, d'une vraie humilité, d'un tact consommé, d'une bonne
initiative, d'une sagesse mûre et d'un effort délibéré, persistant et
pieux » pour guérir la fracture raciale. Alors que nous revenons sur
les événements de l'année dernière, c'est le moment opportun pour
réfléchir profondément à la nature de nos interactions avec les membres
de toutes les races. Dans la mesure où les idéaux de la foi bahá’íe
transcendent les fausses notions de race, nous vivons tous dans un
monde qui a soutenu ces notions et, dans une certaine mesure, il se
peut que nous les avons intériorisées sans le savoir.
Tout comme nous sommes affectés par le monde qui nous entoure, nous
avons également la capacité d'influencer les conversations, d'élever
les cœurs et d'apporter des changements fondamentaux dans notre vie qui
contribuent à la création d'une société plus juste, en particulier à
travers des amitiés et des actes de service.
Shoghi Effendi écrit : « Nous ne pouvons pas séparer le cœur
humain de l'environnement qui lui est extérieur et dire qu'une fois que
l'un ou l'autre aura changé, chaque chose sera améliorée. L'homme fait
partie du monde. Sa vie intérieure façonne l'environnement et est
elle-même profondément influencée par lui. L'un agit sur l'autre et
chaque changement durable dans la vie de l'homme est le résultat de
cette interaction. »
Alors que nous nous tournons vers une nouvelle année bahá’íe, qui à la
fin de la période de jeûne bahá’í commence le 20 mars, cherchons à
comprendre et à repenser nos relations avec les autres. Cherchons des
remèdes à ces blessures anciennes graves et à cicatrisation lente.
Par-dessus tout, cherchons à construire de véritables amitiés
indispensables à la création d'un monde plus juste.
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