7
avril 2012
Les problèmes continuent
pour les éducateurs bahá'ís en Iran
Par Jakob Kuzyk
C'est 1998 en Iran et un coup a été porté aux tentatives d’accés à
l'éducation de la plus grande minorité religieuse du pays.
Depuis la révolution iranienne
de 1979 les adeptes de la foi bahá’íe
ont été pratiquement interdit de fréquenter des établissements
postsecondaires. C’est par la suite que commença ce que le New York
Times avait appelé « l’université furtive» en 1987 avec près de 1000
étudiants, 145 diplômés et un réseau de salles de sous-sol aménagées en
classes et laboratoires.
Le réseau a été démantelé ce mois de septembre dernier lorsque les
responsables de sécurité iraniennes ont perquisitionné environ 500
maisons et plusieurs bureaux, mis en arrestation des professeurs et ont
confisqué des manuels et du matériel de laboratoire.
Ce coup à l'Institut bahá'í pour l'enseignement supérieur (IBES) ne fut
pas le premier et il ne serait pas le dernier. Toutefois, l'institut
n'a jamais entièrement cessé leurs opérations clandestines et cette
année leurs efforts seraient récompensés par un coup de pouce
d'envergure internationale.
En 1998, Carleton est devenu le premier établissement d'enseignement
postsecondaire au monde à reconnaître le degré de premier cycle de
l’IBES. En permettant aux élèves dans son programme de maîtrise,
Carleton a déclenché une réaction en chaîne qui a continué l'année
suivante avec les admissions accordées par l'Université d'Ottawa.
Maintenant, selon leur site web, 65 programmes postsecondaires
supérieures de partout dans le monde ont reconnu et admis les étudiants
de l’IBES. Carleton a accepté 36 étudiants de premier cycle de l’IBES à
ce jour.
La question de l'éducation bahá’íe est revenue à la communauté de
Carleton ces derniers mois lors de la déclaration publique de
l'université en Janvier faite à l'appui de Nooshin Khadem, une diplômée
de Carleton emprisonnée dans le pays.
Arrêté le 22 mai 2011, Khadem a comparu en cour en septembre 2011 en
vertu du principe qu'elle avait utilisé des titres de compétence
d'enseignement frauduleux.
Les membres de la communauté de Carleton se sont réunis de nouveau le
30 mars pour une discussion et une évaluation de « Education Under Fire
» (L’éducation sous le feu) , un documentaire sur le refus soutenu et
actuel à l'éducation aux membres de la foi bahá’íe en Iran et de la
porte détournée fournie par l’IBES.
Suivant la projection, une discussion eut lieu animée par Sherri
Yazdani, ancienne coordinatrice des étudiants de l’IBES au Canada et
dirigée par Roger Blockley, l'ancien doyen des études supérieures et de
recherche.
C’est Blockley qui a développé le programme pilote qui a d'abord
accepté le premier cycle de l’IBES à Carleton. Il a salué la force
scolaire des étudiants qui sont venus à lui, les décrivant comme «très
bonne».
«C’était probablement le groupe d'étudiants internationaux le plus fort
que nous avions admis à l'école dans mon décanat," a-t’il dit.
L’une de ces étudiantes, une ancienne de l'Université Carleton qui
retournera en Iran comme de nombreux diplômés de l’IBES et ne
souhaitant pas être nommé pour des raisons de sécurité, a ponctué le
débat en larmes en racontant son séjour comme étudiante à l’IBES. « Il
n'y avait pas de bâtiments », dit-elle, « et les classes prenaient
place dans les maisons de bénévoles qui souvent nourrissaient des
dizaines d'étudiants.
Maintenant, après avoir entendu parler des descentes des dernières
années, elle a dit qu'elle se sentait bouleversée mais confiante dans
la volonté des étudiants.
«Je ne pouvais pas croire qu’on emprisonnait les étudiants de l’IBES
pour avoir étudier », dit-elle, notant, toutefois, qu'il n'a fallu que
10 jours pour la reprise des classes la dernière fois qu’il y a eu des
raids.
L’éducation, a déclaré Diana Salguero, une étudiante de Carleton et
membre de la communauté bahá’íe, est très importante dans sa foi. De
mémoire, elle a cité les paroles du fondateur de la foi bahá’íe,
Bahá’u’lláh : « Voyez en l'homme une mine riche en gemmes d'une
inestimable valeur. Mais, seule, l'éducation peut révéler les trésors
de cette mine et permettre à l'humanité d'en profiter ».
Pour Blockley, ce sera « une pression accumulée» qui finira par mettre
fin au refus à l'éducation en Iran. Cette pression doit venir de
l'intérieur, mais peut également être appliquée de l'extérieur.
Une méthode de pression, comme l’a été préconisé tout au long de la
soirée, est de signer la pétition en ligne de « l'Education sous le feu
» pour l'enseignement libre en Iran. La pétition qui se trouve sur leur
site web est une lettre envoyée au chef suprême et à six autres
fonctionnaires gouvernementaux iraniens. Présentement, plus de 19.000
lettres ont été envoyées.
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